On parle fréquemment du stress au travail sans forcément visualiser ses causes et ses conséquences. C’est pourquoi j’ai créé l’infographie que je vous propose aujourd’hui.
Il y a tout d’abord les RACINES, terreau fertile du stress chronique. Plus vous les additionnez, plus elles s’inscrivent dans la durée, et plus le stress chronique qu’elles risquent de générer est important.
Le stress chronique devient alors le TRONC qui va voir s’épanouir les BRANCHES des conséquences désastreuses pour le salarié et l’entreprise.
Au début, ce ne sera que sur les performances de l’entreprise.
Un travailleur souffrant de stress chronique devient moins performant et moins vigilant. Cela entraine au fur et à mesure une baisse significative de la qualité de ce qu’il produit. Cela entraine également une dégradation de son état physique et psychique.
C’est là que l’on commence à voir grandir les FLEURS de l’absentéisme.
Le salarié commence à devenir malade de plus en plus souvent. La tension interne que génère son stress peut le mener à souffrir de troubles musculo-squelettiques (les fameux TMS) qui dégradent considérablement la qualité de vie. Il devient également plus sujet aux accidents du travail.
Si les RACINES ne sont toujours pas traitées et que la souffrance liée au stress continue, c’est là que l’on voit apparaitre les FRUITS : Dépressions, Burn-out, Maladies Chroniques, Addictions, Invalidités… qui cachent la CIME : le suicide, et les accidents du travail mortels.
Et dire qu’il suffirait de traiter les racines pour ne plus voir la cime… mais ce n’est pas toujours aussi simple.
Les racines du stress au travail
Les racines du stress au travail sont tellement nombreuses qu’il n’était pas possible de toutes les inclure, à moins de ne risquer de n’être plus lisibles. Elles sont connues depuis très longtemps, pourtant elles sont encore le quotidien de bon nombre de travailleurs, salariés comme indépendants. Travaillées sur la base de l’intelligence collective et dans un processus d’amélioration continue, au coeur des démarches autour des risques psychosociaux et de la qualité de vie et des conditions de travail, il est possible de diminuer leurs impacts, voire de les supprimer dans certains cas.
On distingue quatre branches racinaires que l’on pourrait répartir ainsi :
- Problèmes organisationnels
- Manque d’autonomie sur le poste de travail
- Mauvaise organisation / répartition du travail
- Surcharges de travail
- Injonctions Paradoxales
- Changements mal accompagnés
- Problèmes comportementaux
- Manques de respect
- Discriminations
- Harcèlement moral
- Harcèlement sexiste et / ou sexuel
- Isolement
- Problèmes liés à l’environnement de travail
- Environnement bruyant
- Installations inadaptées
- Sentiment d’insécurité de l’emploi
- Conflits internes au salarié
- Exigences emotionnelles
- Conflits de valeurs
- Syndrome de l’imposteur
- Mauvais équilibre pro/perso
Chacune de ces racines mérite son propre article qui vous sera proposé prochainement. Il existe des actions et des solutions d’accompagnement pour faire face à chacune d’entre elles.
Le stress chronique : tronc commun et conséquence directe
Le stress chronique est celui qui s’installe dans la durée et qui entraîne des répercussions particulièrement néfastes sur la santé.
Voir l’article « Qu’est-ce que le stress »
C’est le centre névralgique du problème. Les sources de stress s’ajoutent, elles ne se substituent pas. Plus elles sont intenses, plus elles s’accumulent, plus elles durent dans le temps et plus leurs conséquences sont inévitables.
Il est de la responsabilité de l’employeur d’adapter le travail à l’homme. C’est une obligation légale. Il doit prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés. Prendre en compte le stress et les risques psychosociaux ne suffit pas. La prévention et une culture d’entreprise visant à la protection des salariés est indispensable non seulement pour les individus, mais aussi pour le collectif, comme nous allons le voir maintenant.
Les fleurs du stress chronique : l’absentéisme
Le stress chronique entraine une baisse de vigilance et de performance car nos ressources sont alors mobilisées pour y faire face. Résultat : un mal-être parfois diffus et latent qu’on ne s’explique pas toujours, d’autant qu’il a pris son temps pour s’installer.
Le lien entre le stress et l’absentéisme n’est pas toujours conscientisé par le travailleur, alors comment pourrait-il l’être par sa hiérarchie ? C’est pourtant l’un des premier indicateur RH à surveiller à l’échelle de l’entreprise. Particulièrement celui du « lundi matin » (ou du premier jour de travail de la semaine).
Imaginons un salarié qui travail du lundi au vendredi en horaire classique. Il accumule du stress tout au long de la semaine et n’attends qu’une chose : le vendredi soir pour « décompresser ». Ayant mal dormi toute la semaine, ce soir et ce week-end il pense pouvoir « rattraper ». Il va faire la fête vendredi soir, bien dormir, passer un super samedi loin des tracas du travail, prendre soin de lui dimanche… et puis arrive dimanche soir et la prise de conscience que sa grande source de stress va revenir le lendemain. Retour du stress par anticipation de ce qui l’attends, trop de stress pour bien dormir, voir même insomnie. Résultat : nuit blanche.
S’il a moins de 30 ans il arrivera peut-être à aller travailler, mais si non il téléphonera à son employeur pour dire qu’il est malade et qu’il viendra sans doute le lendemain. Soulagé par ce délai il dormira, récupèrera et viendra effectivement travailler mardi matin.
Cette situation est souvent le premier red flag, avec l’apparition de troubles musculo-squelettiques, de psoriasis ou d’une augmentation de la consommation d’alcool, tabac ou autres. Ce sont des signaux d’alarme envoyés par le corps pour faire comprendre à la tête que quelque chose ne va pas.
Les fruits du stress chronique : la phase d’épuisement
Généralement c’est là que les choses se corsent et que l’entreprise prends conscience du problème. Et encore, pas toujours.
Un incident ou une maladie professionnelle sont déjà là : Dépression, Burn-out, Maladie Chronique, Addiction, Invalidité lié à un accident du travail… tous peuvent être liés au stress chronique. C’est pourquoi la législation sur la prévention des risques psychosociaux et l’importance accordée au sujet s’accroit d’années en années, d’autant que ceci a un coût important, que ce soit pour la société, l’entreprise ou le salarié concerné.
La cime : le stress peut tuer
Au bout de ce chemin visuel vers le haut de l’arbre il y a ce que l’on aimerait ne plus avoir à voir. Caché par les fleurs et les fruits que nous pouvons observer depuis le sol au pied de l’arbre, il y a la mort. Ils sont 903 travailleurs, selon la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie à être officiellement « mort au travail » en 2022.
738 d’entre eux sont morts à la suite d’un accident du travail. Combien à cause du stress ? C’est difficilement quantifiable. Mais c’est hélas une réalité.
Le stress au travail n’est pourtant pas une fatalité
Finissons par une lueur d’espoir cependant, car le stress n’est pas une fatalité. Il existe une multitude de solutions pour le prévenir et y faire face. Cela demande un investissement financier et humain, certes, mais si peu important comparé au prix d’une vie.