Workaholisme : quand le travail est une addiction

Homme dépendant au travail

Workaholisme : définition

Le workaholisme est une dépendance au travail qui se traduit par un besoin compulsif de travailler bien au-delà de ce qui est demandé. Ce besoin de travailler est tellement excessif qu’il perturbe la santé et les relations de celui ou celle qui en souffre.

Le workaholisme est « un désordre compulsif et progressif, potentiellement fatal, caractérisé par des exigences auto-imposées, un surmenage compulsif, une incapacité à réguler ses habitudes de travail, un abus de travail à l’exclusion et au détriment des relations intimes et des activités majeures de la vie.

Robinson, Carroll et Flowers (2001)

Les causes du workaholisme

Certaines personnes présentent des prédispositions au workaholisme. C’est le cas des personnes anxieuses, perfectionnistes et ou à l’estime de soi altérée. C’est pourquoi on retrouve le workaholisme dans les conséquences possibles du syndrome de l’imposteur.

Toutefois, ce ne sont pas les seuls facteurs favorisant le développement de cette addiction. L’environnement de travail et la culture d’entreprise entrent également en jeu. C’est en cela que la pression, la compétition, et une charge de travail excessive sont également en cause.

Un facteur exacerbe aussi la propension à basculer dans le workaholisme : les nouvelles technologies. Le fait de pouvoir consulter ses mails et travailler de chez soi à toute heure augmentent considérablement le risque. C’est pourquoi il est particulièrement important de promouvoir la déconnection au sein de l’entreprise.

Les conséquences du workaholisme pour l’entreprise

Il est tentant de penser que ce surinvestissement du salarié au travail ne peut être que bénéfique pour l’entreprise. On l’associe souvent à l’engagement et au productivisme. Ce comportement est par ailleurs souvent très apprécié et valorisé. Pourtant, c’est l’arbre qui cache la forêt de nombreux dysfonctionnements en cours et à venir dans l’entreprise.

Déjà, parce que le comportement du workaholic est générateur de tensions collectives, que ce soit dans son équipe ou avec les autres personnes avec lesquelles il travaille. Son niveau de stress particulièrement élevé, son niveau d’exigence souvent insatisfait et son perfectionnisme l’amènent à rencontrer des difficultés à déléguer et à prendre le temps de communiquer avec son entourage professionnel.

S’il occupe une position managériale, c’est un véritable frein à la productivité d’une part, mais aussi une source de constante de frustration et d’insatisfaction pour ses collaborateurs. Cela mène rapidement au désengagement de l’équipe. Les collaborateurs sont eux même stressés, moins productifs, plus souvent absent. Ils finissent au mieux par rechercher un emploi plus épanouissant et de meilleures conditions de travail… ailleurs. Au pire, c’est leur propre santé qui en sera affectée.

De plus, le stress étant un inhibiteur de la performance, le workaholic n’est pas beaucoup plus productif qu’on pourrait le croire. Le facteur stress induit forcément une baisse de productivité, à temps de travail égal, comparativement à un salarié moins stressé.

Alors est ce que le jeu en vaut vraiment la chandelle pour l’entreprise ? En tout cas, il ne le vaut pas pour la santé de l’individu qui en souffre.

Les conséquences pour l’individu

Le workaholisme induit les problèmes de santé physique et psychique liés au haut niveau de stress qu’il engendre. On retrouve les troubles musculosquelettiques (TMS), les problèmes digestifs, les maladies cardiovasculaires, les addictions a des substances psychoactives, l’anxiété, la dépression et le burnout.

Il est également source d’un désengagement dans la vie familiale et d’un isolement social. Le déséquilibre entre la vie professionnelle et personnelle implique de nombreuses conséquences avec le conjoint et les enfants, dont l’apparition d’anxiété et de dépression chez eux également. Le désinvestissement de la sphère amicale amène peu à peu à l’isolement et à la raréfaction des interactions sociales.

Workaholisme : comment en sortir ?

Pour vouloir s’en sortir, il faut déjà prendre conscience qu’il y a un problème. Or, la valorisation du surinvestissement au travail par la société n’aide pas les personnes vers cette voie. Qui n’a jamais croisé de workaholique fier de l’être ? ou pire qui perçoive son addiction comme une composante positive de sa personnalité ?

Pour accompagner vers cette prise de conscience, la prévention des risques psychosociaux est incontournable dans l’entreprise. De plus, la mise en place d’une charte sur le bon usage des nouvelles technologies et un plan d’action concernant le droit à la déconnection semblent aujourd’hui indispensables tant cet enjeu est central dans la problématique de la dépendance au travail. C’est d’ailleurs devenu une obligation légale.

Comme pour tout problème lié à la santé au travail, le médecin du travail est un interlocuteur privilégié avec qui échanger. Celui-ci pourra orienter le salarié vers un psychologue du travail si son état de souffrance psychique l’impose.

En l’absence de souffrances significatives, si les troubles sont plus légers, le coaching en gestion du stress, pour sortir du syndrome de l’imposteur ou pour trouver le bon équilibre entre vie pro et vie perso permettent d’accompagner vers un mieux-être selon l’objectif recherché.

Quoi qu’il en soit, le premier pas pour en sortir, c’est d’en parler.